L’intelligence artificielle est en train de s’installer durablement dans nos mœurs. Comme toute nouvelle technologie, elle est assujetties à des critiques, notamment de la part du corps enseignant qui déplore une utilisation massive des outils de IA de la part des élèves. Ce qui, d’après les spécialistes de l’éducation, contribuerait à la dégringolade de la capacité à apprendre et la déliquescence de l’esprit critique des nouvelles générations. En revanche, cette innovation technologie suscite enthousiasme et engouement. Et pour cause : il est indéniable que les agents conversationnels – ou chatbot – sont de plus en plus puissants et capable de générer des textes et des images de plus en plus sophistiqués. ChatGPT, pour n’en citer qu’un, compte plus de 100 millions de comptes enregistrés et la société OpenAI qui l’a développé est valorisée 29 milliards de dollars en 2023.
Alors, vous vous demandez si l’intelligence artificielle peut écrire un livre ?
C’est ce que nous allons voir.
Les limites de l’intelligence artificielle en 2024
Comme toute technologie, l’intelligence artificielle aussi connaît des limites. Et on ne nous trompe pas sur la marchandise : le mot GPT est l’acronyme de Generative Pre-Trained Transformer (transformateur génératif pré-entraîné) où « transformateur » désigne une architecture d’apprentissage profond développé par Google. Sans entrer dans le détail, parce qu’il y aurais un livre à écrire rien que pour cela, le pré-entraînement consiste à « enseigner » à ChatGPT à rédiger des réponses attendues par les internautes lorsqu’ils rédigent des requêtes.
Cela pose, à mon avis, deux soucis majeurs :
- ChatGPT ne clive pas. Ses réponses sont « consensuelles » parce qu’elles représentent une réponse attendue de manière logique ;
- Le plagiat. Bien que les IA soient entraînées à les éviter, il ne faut pas oublier qu’elles débitent ce qui existe déjà. Les algorithmes peuvent non seulement produire des informations erronées, mais aussi utiliser des syntaxes identiques à celles des contenus sources ;
- Même admirablement entraînée, une IA ce n’est pas vous. Elle ne pense pas comme vous. L’intelligence artificielle peut écrire un livre (quoi que…), mais pas comme vous l’écririez. Parce qu’elle est dépourvue d’un élément-clé : votre feu sacré.
Clarkesworld Magazine a dit « Stop à l’IA »
D’ailleurs, en 2023, Clarkesworld Magazine a mis en pause la soumission d’articles : un bon nombre de contributeurs étaient soupçonnés d’utiliser l’IA. Le rédacteur en chef, Neil Clarke, confirme avoir dépisté l’IA qui avait généré ces articles grâce à de « modèles très évidents ». Comme Clarkesworld, d’autres magazines en ligne interdisent désormais les posts écrits avec l’aide des IA. Amazon, qui permet aux auteurs d’utiliser ChatGPT pour l’écriture des livres, est également mis sur la sellette. En cause, le manque d’authenticité et la mauvaise qualité des livres écrits par des auteurs utilisant l’IA qui nuit à l’intégrité et à la crédibilité du processus de publication.
Donc, à mon avis, bien qu’il soit possible d’écrire un livre avec ChatGPT, il est impossible, au stade actuel, d’écrire un bon livre avec ChatGPT, surtout lorsqu’il s’agit d’un essai ou d’un livre d’entrepreneur. Bien que le « storytelling de synthèse » peut fonctionner pour une romance à lire sur la plage[1], il n’apporte aucune valeur ajoutée aux livres « inspirants » ou relevant de la pensée critique ou de l’esprit scientifique.
Un livre business qui fonctionne est celui qui propose un ange d’attaque totalement disruptif, une approche originale. Votre lectorat s’attend à découvrir quelque chose qu’il ne sait pas encore, il ne veut pas du prémâché ou des clichés défraîchis à force d’être ressassés.
[1] Les romances, comme les contes de fées, suivent le schéma actanciel sur lequel se base également le storytelling « moderne ». Si le sujet vous intéresse, j’ai écrit un article qui vous donne les tenants et les aboutissants de cette technique .
« La création d’une intelligence artificielle serait le plus grand événement de l’histoire de l’humanité. Mais il pourrait aussi être l’ultime. »
Stephen Hawking
Utiliser l’IA à bon escient
En revanche, comme toute technologie, l’IA peut se révéler utile, surtout si vous vous frottez à l’écriture pour la première fois. Ce qui compte, c’est de définir son rôle et le vôtre : c’est vous l’auteur·e, pas ChatGPT !
Voici comment utiliser l’IA à bon escient :
Trouver des inspirations pour la structure à l’intérieur des chapitres.
Bien qu’il soit impossible de créer une structure percutante avec cette technologie, elle peut vous aider à établir une liste des points importants à aborder. Vous allez ensuite utiliser les éléments de cette liste pour créer les chapitres de votre livre. Toutefois, il faut s’efforcer de les mettre dans le bon ordre. En effet, la construction du squelette du livre – sa structure – ne doit pas être laissée au hasard, mais doit suivre un parcours bien raisonné.
Attaquer un paragraphe si vous êtes en panne d’inspiration.
Pour écrire un livre inspirant, le premier ingrédient est l’inspiration (!), mais parfois elle n’est pas au rendez-vous. En ce qui me concerne, lorsqu’il m’arrive – eh oui, cela arrive aussi aux spécialistes des mots – je sors prendre un café, me balader sur la plage, je lis un livre ou un article, bref, je prends un peu de recul. C’est magique, je vous l’assure. Mais si vous n’avez pas le temps de faire tout cela, vous pouvez demander à ChatGPT d’écrire l’incipit de votre paragraphe. Bien évidemment, il vous faudra par la suite changer les mots et assaisonner le texte à votre sauce, mais il peut vous donner l’élan qui vous manque à l’instant T.
Brainstormer autour du titre du livre.
Une fois que la rédaction de votre livre est terminé, vous aurez pas mal de matériau à insérer dans le prompt – le brief pour ChatGPT. N’espérez pas de trouver des titres révolutionnaires avec ça, mais vous aurez de la matière à penser et quelques suggestion à soumettre tant à votre propre intelligence qu’à l’intelligence collective de votre comité de lecture.
« L’intelligence artificielle ne fait pas le poids face à la stupidité naturelle. »
Albert Einstein
Obtenir des suggestions pour la couverture.
Je ne vous apprends rien, le choix de la couverture est primordial. L’enveloppe de votre futur best-seller et doit capter immédiatement l’attention de votre persona[1]. Il s’agit donc d’une décision qui doit attirer toute votre attention. Dans cette tâche extrêmement délicate, l’IA peut être votre alliée. Dans le prompt, vous précisez la teneur du livre, le type de lectorat, et aussi, mais ce n’est pas strictement nécessaire, les codes couleur de votre boîte. De cette manière, vous allez obtenir quelques suggestions qui peuvent vous donner des indications si vous êtes vraiment en panne d’inspiration. En revanche, rien ne vaut le travail qu’un ou une graphiste peut délivrer. À titre d’exemple, la maison d’édition Zulma, qui a fait appel à un graphiste britannique, David Pearson, a affirmé avoir triplé ses ventes grâce à l’univers créé par ce talentueux graphiste.
[1] Les codes de la couverture sont très importants à saisir. Je consacrerai un article à ce sujet très particulier.
Écrire une ébauche de la 4e de couverture.
Tout comme la 1e de couv, la 4e aussi joue un rôle déterminant : si votre persona passe à l’achat, c’est en grande partie grâce à une 4e de couv admirablement rédigée. Ce petit texte est codifié et suit des règles extrêmement strictes. Gardez à l’esprit que votre 4e de couverture peut faire la différence entre un livre que personne ne lit et un best-seller. On ne peut pas demander à l’IA d’écrire un texte admirablement percutant, mais elle peut vous donner des inspirations.
L’intelligence artificielle peut écrire un livre ? Non, mais…
Donc, non, l’intelligence artificielle ne peut pas écrire un livre, tout au moins en 2024. Là où l’IA peut vous aider, c’est dans la post production, à savoir, la diffusion du livre. En effet, ce volet requiert une création massive de textes – page de vente, séquence emails, articles, posts sur les réseaux sociaux – et l’aide à la création de contenu peut se révéler précieuse. En effet, le web est beaucoup moins regardant que le papier. J’ai envie de dire que le style qu’une IA peut concocter peut suffire, à condition de « briefer » correctement votre chatbot.
En conclusion, l’IA peut vous aider si vous ne savez même pas de quel côté commencer. En revanche, si vous ne voulez pas un livre fade et superficiel, dénouée de toute pensée crique ou d’une analyse pointue, il vous appartient de (assigner) le bon rôle à ChatGPT : assistant et non écrivain.
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La co-auteure de vos best-sellers :
Entrepreneure et biographe, depuis 2019 Patricia Soda s’est spécialisée dans l’écriture de livres pour les entrepreneurs visionnaires, hommes et femmes, qui souhaitent imprimer un véritable impact dans leur industrie.
